géné-folie par o. Halbert  
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ce site décrit les travers et dangers de la généalogie ! 
 
Si j'avais découvert la généalogie aujourd'hui, je n'y aurais pas pris goût !  
Elle est devenue folle car le fait de clic-cliqueurs avides de pomper vite, n'importe quoi, pour s'assoir sur des chiffres vertigineux, sans vérifier, sans comprendre, sans respecter les travaux des autres, ni leur vie privée !  
Fini le plaisir de la recherche, la généalogie est devenue folle, pire, dangereuse.
J'ai chopé le virus de la l'histoire de ma famille par contact. Tous les virus se transmettent ainsi, et, comme tous les virus, on ne s'en débarasse pas facilement ! Dans les années 70, la chronique de Pierre Callery dans le journal «le Monde » me détendait. La généalogie n'était pas encore à la mode, tout au plus une légère curiosité amusée. Au début, je lisais cette chronique sans comprendre cet intérêt pour le passé ! Au fil des chroniques, je me mis à guetter la chronique suivante, puis je ressentis bientôt celui de trouver la chonique avant de lire le reste.
Sur ces entrefaites, un beau-frère me demande pour Noël un ouvrage de généalogie. C'est ainsi que voulant offrir le livre de Pierre Callery, il me passa entre les mains. Je m’apprètais à faire le paquet cadeau, quand une irrésistible envie s'empara de moi, et je l’ouvris... sans parvenir à le refermer. C’est ainsi que Pierre Callery m’a fait découvrir le plaisir de la recherche. Je lui dédie ces lignes !  Voici donc mon hymne au plaisir.
 
histoire de la généalogie :
Pendant des siècles, l'objectif de la généalogie a été d'apporter la preuve de l'appartenance à une classe sociale bien précise, la noblesse, qui apportait des avantages sociaux, mais aussi des devoirs.
Au fil du temps, l'entrée dans cette classe sociale a été réglementée. On a d"abord eu les «monstres » puis les «réformations », pour trier les vrais nobles des intrus.
Bientôt l'appartenance à cette classe sociale fut enviée.
Paralllèlement, des spécialistes n'hésitèrent pas à développer une activité lucrative, qui consistait à donner le coup de pouce qui flatte la vanité en permettant à de vaniteux bourgeois d'accéder à cette classe réputée privilégiée.
Ce commerce atteignit son apogée délirante au 19e siècle, au cours duquel de nombreux auteurs de généalogie perdirent tout sens de l'objectivité historique.
Le BCBG étant de pouvoir exhiber dans ses ancêtres une famille royale, un croisé ou  Guillaume le Conquérant. Car bien sûr, il faut les exhiber pour « paraître ». Orgueil, vanité...
Selon B. Mayaud  : « pour les degrés anciens, il convient de n'utiliser qu'avec circonspection des auteurs comme La Chesnaye Desbois au 17e, de Saint Allais, de Magny, Dayre de Mailhol, de Morant et d'Hozier au 19e ».
Le débat est-il si dépassionné aujourd'hui ? j'ai personnellement vécu des incidents qui attestent que la  vérité reste parfois difficile à admettre pour certains.
Récemment, l'ère des compilateurs informatiques, dépourvus d'esprit de discernement, vient de multiplier les généalogies délirantes qui fleurissent sans vergogne sur le WEB. Les BCBG de ces compilateurs ont nettement dépassés les précédents, et on n'hésite plus, sans rire, à annoncer Mahomed ou Jésus-Christ !  pire, des canulars lamentables récemment !
En savoir plus : Bernard Mayaud, Bull. CGO n°30, 1982 haut de page
 
  mes tables BMS
Devant autant d'incivilité et d'irrespect vis à vis des bénévoles,
j'ai décidé d'arrêter d'être prise pour une conne donc de faire et donner des tables.
Mes tables déjà réalisées ne sont plus ensemble sur ce site, mais aux pages d'histoire des régions concernées. Les individus qui n'ont pas le temps de télécharger un travail bien fait n'ont qu'à prendre le temps de tout déchiffrer eux-mêmes après avoir pris le temps d'apprendre la paléographie indispensable pendant plusieurs années !
 
mes chroniques de la non-mémoire
Chronique de la non-mémoire Bull. CGO n°82, 1995
A Flavie et Emilie
Je viens de terminer mon repassage « à la Émilie, en humectant, étirant, roulant le linge une heure avant, afin qu'il se repasse tout seul », et dimanche je préparerai un « poulet à la Flavie, au four, entouré de pommes de terres ».
Ainsi, toutes deux, vous occupez toujours mes pensées, puisque ma vie est rythmée de vos traditions que la modernité n'a pas gommées.
Vous êtes toujours présentes dans ma vie quotidienne, vous les filles de l'ombre, sans postérité, qui avez passé votre vie au service de mes 2 grands-mères. Le mois dernier j'ai même promu au titre de pièce de musée la machine à coudre si finement décorée de fleurs d'écaille, à la canette si allongée, et au volant que vous tourniez à la main.
Votre race avait connu ses heures de gloire. Ainsi, elle comptait 1 0 % de la population nantaise en 1811. Vous étiez alors 7 000 domestiques femelles pour 70 000 habitants (in Série L aux AD. 44). Puis vint le temps où elle s'éteignit. Vous étiez les dernières, et on s'empressa de vous oublier toutes.
Puis vint la mode de la généalogie à laquelle je succombais. Des années durant je parcourais tous les registres de Loire Atlantique et de Vendée, à la recherche du mariage de Julien MORICEAU et de Jeanne MORANDEAU quelque part non loin de Vieillevigne. Des MORICEAU et des MORANDEAU, j'en trouvais autant comme autant. Je lançais même un appel dans la rubrique « question », en vain. Jamais mon couple ne faisait surface.
Les deux filles du couple MORICEAU x MORANDEAU étaient venues à Nantes pendant la Révolution, pour y tenir un bureau de tabac. Mais chaque fois que l'une ou l'autre apparaissait dans les diverses sources, la piste s'embrouillait autour de Vieillevigne.
Je tenais à elles, car elles étaient à l'origine d'un enrichissement progressif de la famille, puisque la première n'eut pas d'enfants et légua à son unique nièce sa fortune, grossissant du même coup la fortune de cette fille unique.
Certes, ces deux filles s'étaient bien débrouillées, puisqu'elles avaient échappé à la condition de domestique qui normalement aurait dû être la leur. Je me demandais bien comment ?
C'est en essayant de comprendre comment elle avaient pu aussi vite s'intégrer dans Nantes que l'idée me vint (enfin !) que l'un des parents avait probablement été domestique à Nantes avant le mariage.
Aussitôt je me souvins que j'avais découvert autrefois fortuitement le mariage de mon ancêtre Joseph HALBERT du Loroux Bottereau avec Marie ROULEAU de Saint Philbert de Grandlieu. Je relevais dans les registres de Nantes tous les HALBERT. J'avais conclu à l'époque qu'elle était domestique à Nantes et que Joseph, tonnelier qui livrait du vin à Nantes, l'avait rencontrée chez ses patrons. J'aurais dû tirer les leçons de cette découverte à ma propre généalogie, car je l'avais bien tirée pour rechercher mes Lorousains survivants.
Car lorsque l'idée de Nantes m'est venue, il ne m'a fallu que 5 minutes pour trouver le mariage MORICEAU x MORANDEAU tant convoité en le cherchant aux archives municipales de Nantes. Le mariage était à Saint-Nicolas ou Jeanne MORANDEAU était domestique. C'est bien elle qui aura par la suite raconté à ses deux filles la vie à Nantes, les attirant vers une vie meilleure.
Ainsi, mes chères Flavie et Émilie, j'ai quelque peu oublié votre existence laborieuse. J'aurais dû penser à vous plus souvent lors de mes recherches généalogiques. Car si beaucoup d'entre vous terminaient leur existence au service, nombreuses sont celles qui ont convolé un jour pour retourner vivre dans leur campagne natale. Car vous n'avez pas toujours refusé de revenir au pays, bien au contraire. Les artisans étaient nombreux à venir livrer leurs marchandises à Nantes et les occasions de rencontre multiples sans oublier les marieuses au pays, qui songeaient à vous.
Donc, les registres paroissiaux et les registres d'état-civil de Nantes, sont truffés de mariages ancillaires. Non seulement les servantes s'y mariaient avant de retourner au pays, mais Nantes avait une mortalité supérieure à la moyenne française (1 pour 32,5 habitants alors qu'elle était de 1 pour 40 en France au début du 19e siècle). Parallèlement la population augmentait, c'était donc grâce à un afflux permanent considérable. Les registres de Nantes sont donc les plus intéressants du département, car la population y est plus brassée qu'ailleurs. haut de page

Voici la population de la Loire-Atlantique, dite alors « Inférieure », selon TOUCHARD LAFOSSE in La Loire Historique Pittoresque et Biographique , 1851.

 

Arrondissement
habitants en 1802
habitants en 1832
Savenay
Châteaubriant
Nantes
         dont Nantes Ancenis
Paimboeuf    
Total   
87 645
49 981 
155 452
70 000
36 104
39 204
368 386
108 967
60 487
197 665
87 529
48 081
41 451
456 751

 

On y voit que Nantes représentait alors 18 à 19 % de la population du département, soit le 5ème du département. Puis Nantes s'est développée au détriment du reste du département pendant le 19e siècle. Malheureusement nous ne disposons que de tables non filiatives qui ne remontent pas loin dans le temps. À quand les volontaires !

Chronique de la non-mémoire Bull. CGO n°89, 1996
En cette veille de Noël, alors que j'écris ces lignes, les boutiques nantaises fleurissent de petits anges à suspendre partout pour les fêtes. Ces petites créatures divinement mystérieuses me semblaient autrefois autant de petits enfants décédés. Au catéchisme on nous enseignait que les chers bambins disparus trop tôt avaient soudain pris des ailes.
Chers petits anges ! Lorsque j'étais petite, j'avais bien du mai à vous imaginer. La mort s'est faite rare de nos jours chez les bambins, et faute de cas tout proche, vous étiez une abstraction. Lorsque j'ai découvert la généalogie, j'ai réalisé votre omniprésence. Vous êtes si encombrants dans les lignes des registres, qu'au début je vous éliminais. Pourquoi noter ces chères petites têtes, qui n'ont pas d'intérêt au premier abord. D'ailleurs, j'étais pressée, comme tout généalogiste débutant.
Maintenant, je redescends les mêmes registres qu'autrefois, en notant tout : parrains, marraines, bambins, alliés, etc. Mine d'or ! Comment n'y avais-je pas songé avant ! L'un de ces chers petits vient de me donner une belle leçon de généalogie. Ses parents possédaient des chevaux, et au lieu de se marier à 10 km alentour, ils faisaient 50 km pour convoler. En l'absence de piste, j'avais cherché longtemps et j'étais fière d'avoir enfin trouvé si loin, d'autant plus loin qu'une frontière départementale compliquait le problème. haut de page
Ils avaient eu beaucoup d'enfants décédés en bas âge, et en notant tous ces petits anges, une marraine était là. Elle avait fait les 50 km dans l'autre sens, elle avait donné le nom de sa paroisse ! J'avais la solution du problème à portée de la main, et je n'y avais pas songé plus tôt ! Et ne me dites pas que le minitel résoudra tout ! Ce département est divisé en 2 cercles qui dépouillent peu et déposent encore moins, bref, il faudra attendre encore des décennies avant de disposer de tables.
 
Les morts d'autrefois nous parlent donc. Mais nous avons parfois du mal à comprendre, car nous les voyons avec nos yeux de cette fin de 20e siècle. Je vous propose d'oublier les accidents de la route etc... Vous avez remarqué que nous vivons plus longtemps ! C'est grâce à la plus grande découverte de l'homme ! Car notre vie moderne est basée sur 3 grandes découvertes.
Non, l'informatique n'est pas une grande découverte, pas plus que les supersoniques. Ce ne sont que gadgets comparés aux grandes découvertes. La plus grande découverte est la bactériologie. Sans la bactériologie point d'hygiène alimentaire : nos ancêtres avaient la fosse à purin près du puits, les rues étroites de Nantes livrées aux chevaux, aux cochons, et aux déjections humaines. J'ai ainsi étudié en 1668, les rues près du château et elles avaient chacune plusieurs écuries. Dans cette promiscuité humaine et animale, quelle eau était potable ?
Les épidémies débutaient toujours en septembre, alors que l'eau d'été devenue rare, stagnante avait eu tout loisir de bien s'enrichir en bactéries infectieuses. Hors épidémies, les décès en série sous un même toit ou un même village étaient très fréquents : on avait mangé ou bu la même chose très riche en bactéries. Rien de surprenant dans de telles conditions d'hygiène ! Et le décès d'un couple de vos ancêtres le même jour ne doit surtout pas vous émouvoir au point d"y voir un quelconque Landru ou autre événement ! Rien de plus banal et de plus fréquent que les petites séries de décès dus à l'hygiène !
Pour vous familiariser avec cette mort oubliée et ces conditions de vie, voici quelques lectures :
- François LEBRUN, Les hommes et la mort en Anjou aux 16e et 18e siècles, Flammarion, 1975.
- André BENDJEBBAR, La vie quotidienne en Anjou au 18e siècle, Hachette, 1983.
- Jacques DUPÂQUIER, Histoire de la population française, PUF, 1988.
Le dernier ouvrage est plus démographique que bactériologique, et les maladies infectieuses y occultent la première des infections autrefois, l'infection alimentaire.
Deux autres découvertes sont fondamentales. La vapeur a permis à l'homme pour la première fois de son histoire de se déplacer plus vite qu'à cheval. L'électricité a ouvert la porte à tout ce qui en dépend aujourd'hui. haut de page