quincaillerie

Le Dictionnaire universel du commerce de Savary des Bruslons (1723) donne une place importante au clou normand en France, malgr� quelques concurrences.
Ce clou recouvre toute une gamme de petit mat�riel de fer, aussi appel� � quincaille � : clou, couteau, serrure, faux, scie, hache, tari�re, ciseaux, cha�ne, pinces, serrures, essieux, bandages de charrette, et toute sorte d�outils pour la saboterie, la menuiserie, le travail du chanvre ou l�agriculture, etc...

Durant 4 si�cles, la r�gion de Tinchebray et Chanu, � l�ouest de l�Orne, voit quelques milliers d�artisans cloutiers oeuvrer � la fabrication de clous, serrures et autres objets de quincaillerie.
Ils sont domin�s par les marchands-fabricants.
Ceux-ci ach�tent aux forges, soit en Normandie soit au Maine voisin, un fer, fa�onn� � la fenderie de la forge, en bandes minces ou verges, mises en bottes ou ballots de 50 kg, qu'il acheminent par charrois.
Le charroi est un convoi d'une vingtaine de chevaux.
La famille Chancerel occupe avec les Delarue la 1�re place. Apr�s la fermeture de la forge de La Sauvag�re, on la trouve grosse cliente en 1800-1845 de Port Brillet (Mayenne)
Les sommes que ces marchands mettent en jeu sont consid�rables. Ainsi, No�l Chancerel, de Chanu, ach�te le 23.4.1689 pour 1 326 L de fer � la Sauvag�re. C'est le prix d'achat d'une petite m�tairie, et c'est bien sup�rieur au patrimoine de la plupart des artisans.
Cette somme est hors de port� des ateliers de clouterie. Souvent �loign�s des bourgs, ils occupent toute la famille �largie, autour d�une petite forge, dont le soufflet est souvent activ� par un enfant.
Chaque semaine le Md de fer apporte le fer � travailler et reprend les produits finis.
Ces ouvriers du clou, dont le niveau de vie est difficile � cerner, sont probablement pauvres, car selon certains auteurs on peut les voir mendiants pendant les grandes crises.
Les produits sont si vari�s, qu�il existe des sp�cialisations, souvent regroup�s par villages.
Leur budget est particuli�rement gr�v� par Ils doivent acheter le bois au seigneur, le comte de Mortain.
La � grosse quincaille �, qui consiste en couteaux, scies, ciseaux, est fabriqu�e autour de Sourdeval, Vire, Tinchebray, tandis que les clous et serrures le sont du c�t� de Chanu. Voir aussi l�ouvrage de l�abb� Dumaine en 3 volumes, Tinchebray et sa r�gion �

Chenais, Chesnais Beauch�ne (61) Montjean sur Loire (49) (1657-1814, 17p, 800 ko, 1.04)

Le fer des forges voisines de Champsecret, puis La Sauvag�re, est aussi travaill� � La Coulonche, o� l'on trouve au moins 2 cuilronniers : en 1704 No�l Barr�, 85 ans fils de �Julien et de Marguerite Letourneur, et en 1701 Ernier Corbi�re �poux de Marie Salles. Le cuilronnier fabrique des cuillerons. Le cuilleron est le creux de la cuiller. La cuiller de fer, anc�tre de la louche, est pr�sente dans tous les chaudrons sur la chemin�e, pour en retirer les soupes bouillantes.

La cuiller de fer fait partie des marchandises du quincailler, autrefois appell� �mercier �. Or on trouve, toujours � La Coulonche, en 1704 Guillaume Bidault, petit mercier, 24 ans, fils de Fran�ois et de Marie Jardin - en 1703 Jacques Laisn�, petit mercier � la campagne (sic), 26 ans, fils de Baptiste et de Jacqueline Bidault - en 1703 Gervais Barr�, petit mercier, 22 ans, fils de �Marin et de Marie Coupp�. On peut supposser que le petit mercier � la campagne est un colporteur de quincaillerie (alias mercerie), et je pense que les 2 autres n'�coulaient pas forc�ment en boutique la marchandise car le village est tr�s peu peupl�, mais plut�t directement livr� en ville, jusqu'� Paris.

Guillouard 3 fr�res partis en 1802 en Loire Atlantique. Au 19�me si�cle, bas�s � Nantes, ils vont livrer avec 18 chevaux une grande partie de la Bretagne (1620-1914, 40 p, 525 ko, 12.03) et cr�er la soci�t� ALG

Peccate 4 fr�res et leur soeur, partis en 1770 en Vend�e (1690-1830, 7 pages, 170 ko, 1.04)

Autrefois, de nombreux instruments de cuisine �taient en fer : r�chaud, tr�pied, galettoire, chen�ts, po�les, mais aussi cuiller.

Une grande partie d'entre eux vient de Normandie, dont La Sauvag�re, mais voici la triste histoire d'un jeune Angevin. Martin Gautreau, 15 ans, fils de Mathurin, md quincailler, n� � Moz�(49), va de ville en ville comme son p�re pour vendre sa mercerie (=quincaillerie). Il rencontre un nomm� Jacob qui fuit Le Mans apr�s avoir vol� ses parents. A 2 lieues d'Alen�on, ils croisent Pierre Paris, 53 ans, colporteur vendant boucles, boutons, bagues, tabati�res, peignes, rasoirs..., qui se dirige vers Saint-Malo en Bretagne, et le suivent. Ils arrivent dans la soir�e du dimanche 6.11.1718 au village de Candie � Saint-Denis pr�s Alen�on, � l'h�tellerie tenue par Pierre Le Boulanger. Le d�ner est arros�, et le vin �chauffe les 2 gar�ons. Pour un motif futile ils en viennent aux poings, puis vont dormir dans l'enclos proche la maison, dans le m�me lit, o� Jacob ne tarde pas � d�c�der un couteau en ba�onnette. Gautreau est accus� d'homicide, et condamn� le 23.12 � faire amende honorable, nu et en chemise, la corde au col, tenant une torche ardent de 2 livres, et conduit jusqu'� la port de Notre-Dame (Alen�on) pour d�clarer � voix haute son repentir, puis �tre fouett� par 3 jours de march� avant de partir aux gal�res perp�tuelles. S'il sauve sa t�te en raison de son �ge, le jeune Gautreau va mourir aux gal�res (AD61-3B101)