Missire
Fleury Hallenault, prêtre puis curé de Bouillé-Ménard de 1578 à 1590,
a tenu 2 livres, comme le précise sa sépulture. Ces livres de
raison sont anotés de notes historiques et météorologiques :
«
1608 en cette année liver (l'hiver) a esté fort cruel. On trouvait
les regnars (renards) mors (morts), les ramiers merles et aultres volatiles
mouraient de faim. Les brebis mortes en plusieurs lieux. La terre a
esté couvere de naige (neige) et verriglatz (verglas) trois sepmaines
et plus, presque tout le mois de janvier »
«
Le 2 mai 1609 René Michel a été tourmentée du diable. Le lendemain
on luy a porté le corpus divin et conjuré satan de sortir. On le trouvait
en son ventre sous ung enfant bougeant. Après plusieurs cérémonies il
a cessé de la tourmenter »
«
Le 1er lundy de la Passion 15e jour de mars 1655, environ les 4
à 5 h du soir, il est tombé du sang du ciel en forme de pluie, en une
petit jardin du chasteau de Bouillé situé entre le puis et le grand
bsois dudit lieu, et en est tombé quantité de gouttes sur Jeanne Malerbe
servante du recepveur dudit lieu, sur ses mains, visage, couette et
quenouille, et en paraissait sur les pierres et fueilles dudit clotteau
en quantité, ce que moy curé soubzsigné ay veu, y ayant esté appellé
par Monsieur le Comte d'Acigné seigneur dudit lieu, ses officiers et
plusieurs aultres présents, ce qui causa à toute la compagnie grand
étonnement »
(Signé : Lelièvre) en marge «
Nota : Si les spectateurs de cette prétendue pluie de sang avaient été
phisiciens ils n'eussent pas été dans l'étonnement. Une bonne physique
leur aurait apris que il se lève quelquefois des parcelles de terres
rougeatres par l'action de l'air et qui s'attachent aux nües que le
vent pousse et lorsqu'elles se trouvent trop chargées de quelques autres
vapeurs ou d'eau la pluie se rompt et la pluie teinte en rouge tombe.»
(Signé : Godreuil curé de Bouillé) Godreuil
a été curé de 1731 à 1762, donc il écrit cette note pleine de bon sens
et connaissances, un siècle après les faits.
la
haute Beurière : — Y demeure : en 1569 Pierre Cohon, marchand (cf ci-dessous
la Huetterie) - puis ses héritiers Ceville
et Genest
la
Forpellière : — Possède la closerie : le 29.9.1739 Mathurin Hiret marchand
mercier demeurant à l’Hopital de Bouillé vend à Marin Clément marchand la
1/4e partie en quoi il est fondé du lieu de la Forpellière à l’Hopital de
Bouillé, pour 160 L (AD49-5E40/01)
la
Guyonnaie : — Possède la métairie : lors de la succession de †Jehan
Pillegault Sr du Temple le 19.8.1518
la 1/2 du lieu de la Guyonnaye à Guillaume Cantin mari de Perrine Pillegault,
et Hervé Marin mari de Jehanne Pillegault à la charge du douaire de la veuve
de †Eustache Pillegault, l’autre 1/2 à Jehan Pillegault Sr de la Garelière
(AD49-E3602)
la
Huetterie : — Possède la closerie : Jacques Dufay Sr de la Barbonnière
greffier du greffe civil d’Angers et Jehanne Harangot sa femme la vendent
1 000 L le 15.4.1569 à h. h. Pierre Cohon
marchand dt à la Haute Beurière (AD49-5E8/108)
la
Juquellière : — Possède la closerie 22.2.1709 Pierre Allard marchand
et Pierre Allard notaire au bourg de Nyoiseau, fermiers de la terre &
seigneurie du Prieuré St Blaize, baillent à Pierre Guyon closier et Jeanne
Dupuis sa femme pour 5 ans la closerie de la Jucquellière (AD49-5E32/1)
la
Papinière : — Possède la closerie : baillée à ferme pour 9 ans
le 11.11.1709 par François Coustard Sr du Brossay père & curateur naturel
des enfants de lui & de Marie Tocqué son épouse demeurant à Pouancé
La Madeleine, à Pierre Gabillard cousturier demeurant à Bouillé-Ménard (AD49-5E20/173)
le
Porche : à Bouillé-Ménard — C. Port : néant — Possède le lieu : le 19.4.1638
les héritiers Genet-Cohon projètent « la recousse du lieu du Porche situé
au bourg de Bouillé vendu à condition de grace par Claude Genet leur beau-père
à Pierre Chevallier pour en payer à icelui Chevalier la somme de 300 L due
par lesdit Genet par obligation » (AD44-4E2/463 dans la succession de Sébastien
Cohon, in étude Charier Nre Nantes)
Bouillé-Ménard, arrond. de Segré
canton de Pouancé (18 km), arrond. de Segré (11 km), — à 46 km d'Angers.
— Bulleium 1097 et 1150 (Epit. St-Nic., p. 26 et 76). — Belle
1129 (Cartul. du Ronc., Rot. 3, ch. 8). — Bulliacus 1130 circa (Liv.
de St-Maurice et Cartul. du Ronc., Rot. 2, ch. 26). — Bolleium 1140
circa (Ib., id.). — Boilleium 1140 circa. (Cartul. du Ronc., Rot.
3, ch- 85) - Bouillé-Amesnard XIV-XVIe s., du nom de la famille seigneuriale.
— Bouillé-l'Hôpital, du nom d'une commanderie actuellement sur Grugé.
Le
bourg s'élève sur la rive droite de l'Araise, au confluent du ruiss. du
Ponceau, au carrefour des chemins de grande communication de Château-Gontier
et de la Guerche, rejoints à moins d'un km par les chemins d'intérêt commun
de Loiré à Craon et de Villepot à Montreuil ; — entre Châtelais (3,25 km)
à l'E et au N., la Boissière (Mayenne) au N., Grugé (5 km), Bourg-l'Evéque
(3 km) et Combrée (6 km) à l'O., au fond d'un vallon, centre d'anciens bois
défrichés et de landes transformées en riches cultures.
En
dépendent les villages ou hameaux de la Chapelle-aux-Pies (14 maisons, 50
hab., à 1,8 km), de la Bouquinière (9 mais., à 1,5 km), de la Herpinière
(8 mais., à 1,5 km), de la Clouterie (5 mais., à 3 km), d'Araise (4 mais.,
à 1,2 km), la Haute-Beuriere (5 mais., à 1 km), Pinceloup (3 mais., à 2
km), la Barre (3 mais., a 1,6 km), la Fortinière (4 mais., à 1 km), les
Reinières (4 mais., à 1,1 km), l'Aubrière (4 mais., à 800 m), le château
de Bouillé et 70 fermes ou écarts.
Y
passent l'Araise, à travers toute la longueur de la commune de l'O. à l'E.,
le Misengrain, les Mouettes, le Rutort; — y naissent les ruiss. du Ponceau
et de la Viguerie.
Superficie
: 1 621 hect. dont 31 h. 23 en bois.
Perception
et bureau de poste de Combrée.
Population.
: 161 feux, 708 hab. en 1720-1726. — 908 hab. en 1790. — 919 hab. en 1821.
- 817 hab. en 1831. — 926 hab. en 1841. — 940 hab. en 1851. - 1 017
hab. en 1866. - 914 hab. en 1872, dont 214 au bourg (45 maisons, 76 ménages).
Foires
assez importantes le 10 mai (St-Mathurin) et le 13 septembre (St-Maurille)
; — marchés tous les mardis. — Assemblée la veille ou le lendemain de la
foire de mars, mais seulement quand elle tombe le dimanche ; c'est l'ancienne
fête que, pour se conformer à cette coutume, l'évèque transféra (28 octobre
1737) au dimanche, sur la demande du curé. — La fortune du pays est l'élève
des bestiaux, boeufs et moutons, et aussi des chevaux. Une fabrication très
animée y existait autrefois de fil et de toiles, qui se vendaient à Pouancé,
Craon, Segré et dans la Bretagne. Les filassiers tenaient leurs échoppes
dans des halles, espèce de haut et long hangar, couvert en bois et ouvert
de trois côtés, encore debout devant l'église. La mesure du pays comptait
12 boisseaux au setier pour 15 des Ponts-de-Cé.
La
Mairie, avec Ecole laïque de garçons, a été édifiée en 1861. L'Ecole
de filles (Soeurs de Torfou) est installée depuis le 22 février 1872 dans
une maison léguée à l'Evêché pour cette destination par le curé Audigane.
L'Eglise,
dédiée à saint Maurille (succursale, 5 nivôse an XII), n'est qu'un édifice
vulgaire (35 m sur 3) reconstruit en 1579, incendié pendant la Chouannerie,
remis par partie seulement en état après la guerre, restauré en 1842 et
de nouveau en 1849. On peut y signaler dans l'abside deux statues (XVIIIe
s.) de St Jean l'Evangéliste et de St Maurille, sous l'autel une crypte
murée, renfermant, dit-on, quatre cercueils, dans la nef d'anciens fonts
baptismaux en pierre blanche et une Résurrection remarquable du XVIIe
s. — Vis à vis le chevet, dans le pré de la Montée, existait une excellente
fontaine publique dite de St-Maurille, qui fut bouchée vers 1616.
Il
n'a été relevé aucune trace celtique ni romaine sur l'étendue de la paroisse
dont la fondation, comme celle du bourg, est antérieure à la seconde moitié
du XIe s. L'église appartenait au seigneur. Payen de Bouillé malade en fit
don, avec le droit de cure, à l'abbaye St-Nicolas d'Angers, à qui son frère
Bernard avait déjà accordé droit d'usage dans ses forêts. L'abbé y constitua
un prieuré réuni dés le XIIIe s. à la mense conventuelle.
Curés
: André de Daoul, 1300. — Fleury Hallenault, 1579. Cette année,
le 8 septembre, l'évêque dédia et consacra l'église reconstruite et les
cinq autels, dans la base desquels il avait déposé des reliques, — et le
lendemain, la chapelle seigneuriale, dite encore du château, qui fait face
à l'allée principale du château. — Jean Ménand, 1595, 1628. - Julien
Lelièvre, 4 octobre 1631, 1656. A l'occasion du jubilé il conduisit
ses paroissiens le 23 juin 1653 à Angers, où 105 d'entre eux reçurent la
Confirmation. — Boury, 1658-1659, V. ce nom. — M. Delorme,
1660. — Jérôme Joret, 1677, t le 4 mars 1702, âgé de 68 ans. — Marc-Gabriel
Galliot, 12 décembre 1702, t le 1er avril 1726, âgé de 64 ans. —
Franç. Ricoul de Rouvray, 19 octobre 1726 jusqu'au 16 août 1731 qu'il
est « chassé, dit une note marginale, « par un arrêt du Grand Conseil ».
Il s'était fait nommer directement par la cour de Rome sans présentation
de l'abbé de St-Nicolas. — Jacq.- Ant. Godreuil, du diocèse de Coutances,
26 septembre 1731, t le 29 novembre 1762, âgé de 68 ans. — Louis Roches,
janvier 1763, t le 19 mai 1781, âgé de 61 ans. — Ant.-Gab. Chauveau,
6 septembre 1785, t le 25 août 1786, âgé de 55 ans.— Giron, 16 octoçre
1786-13 octobre 1790. — Clément Delaunay, 30 octobre 1791, prète
le serment, puis le rétracte (10 janvier 1792). — Divers desservants jusqu'au
31 décembre 1793.
On
trouve une école tenue en 1601 et en 1648 par un des chapelains.
La
seigneurie très-antique formait une châtellenie relevant du château d'Angers
à 40 jours de garde. Elle donne son nom jusqu'au XIIIe s. à une famille
de chevalerie et garde à son tour celui de la puissante famille Aménard
à qui elle a passé dès au moins le XIVe s. jusqu'au milieu du XVe s.; —après
elle, la famille de Bueil. — En est sieur Jacques, bâtard de Bueil en 1460,
Ant. Lobbes mari de Renée de Daillon, 1500, Georges de Bueil, capitaine
de St-Malo, 1540, Jean-Léonard d'Acigné, gentilhomme ordinaire de la chambre,
1655, de qui hérite le maréchal de Richelieu, qui vend la terre, Louis-Benjamin
de La Mollie d'Andigné 1756, Ch -Jos.-Augustin Walsh, vicomte de Serrant,
1772, mari d'Anne-Marguerite-Julie-Félicité Pasquier de Lugé, dont la famille
le possède encore.—Le Château servait en l'an IV de retraite ordinaire
aux chouans commandés par Lecomte et l'abbé Testu. — Un porche carré le
précède, encadré de deux énormes tours rondes, à demi-engagées, auxquelles
se rattachent des constructions continues avec tourelle d'angle en poivrière,
le tout autrefois enceint de larges douves, en partie seulement comblées
; vers l'entrée à droite une fuie ronde. Une belle esplanade bordée de hauts
peupliers mène à une cour irrégulière ; en face, les servitudes à demi-cachées
par des peupliers ; à gauche l'habitation, sans grande apparence extérieure,
mais ouvrant de plain-pied vers N. et vers l'E. sur de belles réserves de
verdure que bordent les douves et que précède une antique avenue. Il y a
été trouvé vers 1780 des boulets dans les murs et des cadavres dans la cour.
La
paroisse dépendait du Doyenné de Candé, de l'Election et des Aides d'Angers,
du District de Segré, du Grenier à sel de Pouancé. Un poste de gabelle avec
lieutenant y résidait au XVIIe s. — Elle formait de 1793 à 1803 le chef-lieu
d'une justice de paix et d'un canton comprenant les communes de Grugé, Bourg-l'Evèque,
Combrée, Bourgd'Iré, Noyant, Nyoiseau, l'Hôtellerie et Châtelais.
Maires
: Hunault, 5 février 1790. — Halligon, 1793. — Christ. Guion,
an V-an VIII — Franç. Fourmont, an VIII- an XII. — Jos Legueu,
17 brumaire an XII, démissionnaire en 1808. — Ch.-Jos.-Augustin Walsh
de Serrant, 1er septembre 1808-10 mai 1812. - René Malin, 9 juin
1812. — Jean Faucheux, 3 novembre 1815. — Walsh de Serrant,
13 février 1826. — René Malin, 30 septembre 1830. — Louis Bource,
11 novembre 1832. — René Malin, 2'2 septembre 1840. — J.-Ach. Hunault,
17 juin 1847.
Arch.
de M-et-L. C 106, f. 460; 118, 489, 194, 202; E 1481 et 3218. - Arch. comm.
Et.-C. — Dom Bétancourt.