Anthyme
Denis Cohon, évêque
de Nîmes, comte et évêque de Dol ,
par Odile Halbert, tous droits
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Anthyme-Denis
Cohon : ses origines vraies
On
a beaucoup écrit par le passé sur les prétendues origines pauvres d'Anthyme-Denis
Cohon. Ces auteurs ont trop lu les pamphlets, nombreux à l'époque troublée
qu'il traversa, et qui utilisaient n'importe quel argument fallacieux non
vérifié, dans le but de rabaisser l'ambition de celui qu'ils cherchaient
à rabaisser. De tout temps, ceux qui réussisent ont subi ce type de campage
calomnieuse.
La
réalité est quelque peu différente. Anthyme-Denis Cohon naît à Craon
le 4 septemnre 1595 de François sieur de la Touche et de Renée Hallay (baptême
ci-contre).
Sa
mère est proche de Pierre Le Cornu Sgr du Plessis de Cosmes, époux de
Perronelle Du Hallay, et parrain d'Anthyme. Elle est issue d'une famille
de marchands tanneurs à Craon, corps de métier toujours assez aisé.
Son
père est marchand cirier
et tient auberge : « Les Cohon tenaient
l’auberge du Cheval-Blanc près la cohue des halles à Craon. L’auberge occupait
l’emplacement
de 2 maisons contre les halles. Elles étaient encore habitées en 1692 par
Jeanne Cohon, par Marguerite Cohon & son fils Anthyme Mellier apothicaire….
» (2) corps de métier toujours assez aisé voir
l'histoire détaillée de la famille Cohon
Le
père d'Anthyme est aussi frère de Jehan
Sr de Chatelais, chanoine du Mans et cousin de Sébastien
Cohon chanoine et scholastique de la cathédrale de Nantes. En effet,
la famille Cohon peut s'enorgueillir fin 16e et début 17e de compter 2 chanoines,
élite aristocratique de l'église, à l'abris du besoin, et tous issus
de grandes familles.
Son
grand-père Cohon est notaire et marchand à Châtelais, signe
de bourgeoisie rurale, et tous les Cohon liés sont aussi notaires au 16e
siècle.
En
conclusion, Anthyme-Denis est issu de la bourgeoisie rurale, méprisée de
la noblesse de cour.
ci-contre
: portrait d'Anthyme Cohon à l'évêché de Nîmes : la main, maniérée par l'artiste, n'illustre
pas son surnom « main de fer »
En
savoir plus : histoire de la famille Cohon
(.pdf)
Anthyme-Denis
montre très jeune une grande vivacité d'esprit, un penchant pour les belles
lettres, et, peu d'attrait pour la boutique de son père. Séduit
par la carrière de l'oncle Jean, chanoine au Mans, aperçu aux fêtes
de famille, il ne tarde pas à se mettre sous la protection de celui-ci,
qui l'envoie à Angers faire ses humanités. Il y brille, et son oncle l'envoie en
Sorbonne, puis le fait tonsurer, lui abandonnant sa prébende de chanoine
du Mans.
Voici
donc Anthyme-Denis docteur en droit et chanoine du Mans à 23 ans, ordonné
en 1619, et déjà pourvu de nombreux bénéfices : prévost de Mésanges dans
l'église de Chartres, curé de St Denis de Cormes 1621, de Saint Pierre la
Cour 1623, de Saint Céneré 1626, prieur de Bouère par résignation de Guillaume
Laurent.
Il
se lance dans la prédication, où il innove totalement : rompant avec
le genre pédant des prédicateurs d'alors, qui citaient les auteurs profanes
à profusion, il préfère le témoignage plus naturel de l'Ecriture Sainte
et des Pères de l'Eglise. Il devient vite « à la mode » dans les plus
grandes chaires de la capitale. On accourt en voiture l'entendre, et c'est
bien connu, de tous temps, les voitures sont cause d'embouteillages !
L'un
de ces embouteillages va faire sa fortune !
Le
cardinal de Richelieu est bientôt pris dans un tel embouteillage et
contraint de rebrousser chemin, il s'informe de la raison d'un si grand
succès, puis fait venir Anthyme, qui le salue aussitôt «j'ai donc
été plus puissant que l'Allemagne et que l'Espagne réunies, puisqu'en arrêtant
Votre Eminence, j'ai pu faire ce qu'elles ont tenté vainement ».
Le cardinal, qui fut toujours un grand découvreur de talents, est immédiatement
séduit, donne son amitié à Anthyme, l'invite souvent à sa table, lui accorde
sa confiance... et quelques (c'est un euphémisme pour rire beaucoup) titres...
comme Dol, dont il fut comte.
ci-contre
: Louis XIII sur son lit de mort
Anthyme-Denis
Cohon prêche à la mort de Louis XIII et au sacre de Louis XIV, puis, resté
fidèle à Mazarin pendant la Fronde, subira quelques revers. Son talent d'orateur
lui vaut l'honneur de prononcer l'oraison funêbre de Louis XIII et de prêcher
au sacre de Louis XIV
Anthyme
fut aussi titulaire de bénéfices suivants : 1628 recteur
du Loroux-Botterreau , 1653 comte de Dol, abbé du Tronchet, doyen
et gouverneur de Notre Dame du Folgoet
Deux
évêchés marquent sa vie : Nîmes et Dol.
Il
est nommé évêque de Nîmes le 19 septembre 1633, pour y jouer un rôle politique
et administratif autant que religieux, face aux protestants.
Il
va s'y employer avec bonheur malgré les difficultés. Surnommé « main
de fer », ou plus directement « l'évêque de fer »il sut faire
face à l'émeute de 1658 au cours de laquelle il faillit être tué. Il laissera
dans son diocèce une image positive.
Parti
à Dol en 1644, il revient à Nîmes en 1652.
Outre
la pacification, Nîmes lui doit la pose en 1639 de la première pierre pour
la restauration de la cathédrale alors en ruines, respectant la façade
et la frise. Lors de son 2e mandat, il la dote d'une chapelle Renaissance,
dite « chapelle de Mgr Cohon »
Ci-contre,
la première pierre : D.O.M. et à la Vierge, qui triomphe
de l'hérésie, Urbain VIII étant souverain Pontife, Louis XIII le Juste,
roi de France, Anthyme-Denys Cohon évêque de Nîmes, 1939
Il
permute le 19 février 1644 son evêché de Nîmes avec Hector Douvrier, évêque de
Dol.
Il
existe peu de traces de son passage à Dol, hormis son passage aux Etats
de Bretagne à Rennes en 1645, où il se contente de la seconde place, sans
réclamer la première à laquelle il aurait pu prétendre, car les évêques
de Dol sont les plus anciens de Bretagne.
L'évêché
de Dol est le plus riche de France. Le classement, établi au 15e siècle
pour la Bretagne, donne du plus modeste au plus riche : Vannes, taxé 350
florins, puis Tréguier 460 florins,
ensuite
Léon et St Brieuc, taxés chacun 800 florins, St Malo, Quimper et Rennes
également 1 000 florins, Nantes coté 1 500 florins, et loin en tête, Dol
le diocèse le moins étendu mais la plus puissante seigneurie temporelle,
estimé 4 000 puis 3 000 florins. note : A titre de comparaison signalons
que l'archevêché de Tours était côté 2 500 florins, le vaste diocèse du
Mans, 2 200 et celui de Paris 3 500 (Poquet
du Haut-Jussé).
Anthyme-Denis
démissionne en 1648 laissant son siège à Robert Cupif, autre Angevin. En
fait, il s'ennuie probablement à Dol, malgré les très hauts revenus, et
part mener à Paris une activité proche de l'espionnage, en faveur de Mazarin.
Il
laisse cependant à Dol le fils de sa soeur, qu'il a soin de marier
et établir plus que confortablement comme gouverneur de la ville de Dol.
Anthyme-Denis
Cohon décède à Nîmes le 7 septembre 1670.
Douillet-le-Joly
Cette
paroisse, située 40 km NNO du Mans, dans le canton de Fresnay-sur-Sarthe,
autrefois dans la baronnie de Sillé le Guillaume, a beaucoup compté
dans l'histoire des Cohon.
En
1594, Jacques d'Alencé est nommé curé, mais, à peine arrivé, il doit
régler 7 ans d'arriéré de luminaire au chapitre du Mans. Dégoûté, il
demande à Jean Cohon, chanoine
du Mans, curé de Soulgé-sur-Loir, son voisin, de permuter avec lui.
C'est
ainsi que Jean Cohon prend fortuitement possession de la cure de Douillet
le 4.8.1595. Né à Chatelais de Denis, Md (signature
ci-contre), et Jeanne Gault, il a 2 frères Md ciriers,
Pierre
à Pouancé, François à Craon (le père d'Anthyme, qui naît précisément cette
année 1595), et une sœur épouse Laurent.
ci-contre
: portrait d'Anthyme Cohon à la cure de Douillet
Jean
Cohon, connu pour sa science, sa prudence et son expérience, est aussi chanoine
du Mans. Il y vit plus souvent qu'à Douillet, laissant le service divin
à son vicaire, tandis que crimes et épidémies s'y succèdent. Pierre Guiller
est assassiné le 20.10.1600, puis Marin Descarié reçoit un coup de poignard
le 15.10.1605 et en meurt, suivi par Gilles Gombaut, pourtant Me d'escrime,
tué le 8.1.1608.
Entre
temps il a laissé Douillet à Guillaume Laurens, un proche de sa soeur, cumulant
bien d'autres bénéfices : archidiacre de Montfort, prévost de Mesanges en
l'église de Chartes, prieur de Bouère, d'Ernée, député à Paris par ses confrères
pour soutenir leurs intérêts le 6.2.1596
Guillaume
Laurens recueille au presbytère de Douillet un autre Jean Cohon, auquel
il cèdde sa cure le 1.4.1629, non sans mal, car ce dernier est de naissance
illégitime, mais si proche de René et d'Anthyme que l'on pourrait le supposer
fils du chanoine précédent ?
En
1631, Jean Cohon cèdde la cure à Anthyme Cohon, alors prédicateur ordinaire
du Roi, qui ne la garde qu'un an, sans y séjourner. Il la laisse à René
Cohon, son neveu [petit-neveu de Jean Cohon].
Entre-temps,
Douillet est devenue résidence d'une partie de la famille Cohon qui y fait
souche, et lorsque René Cohon décède le 10.4.1666, il laisse 5 branches
héritières, dont l'une fixée à Izé (Mayenne), représentée par Jeanne Cohon
veuve de Michel Pinot notaire à Evron, Jean Cohon Sr de la Maltière, tandis
que les fils d'Elisabeth Cohon sa nièce, épouse en 1663 de Mathurin Pelard,
vont se succéder à la cure de Douillet.
En savoir plus sur la famille Chon : histoire
de la famille Cohon (.pdf)
L'histoire
de la famille Cohon est une longue étude d'actes notariés et chartriers.
Elle infirme en partie d'autres travaux publiés et depuis largement recopiées
sans vérifications.
Le
16.6.1645, un cousin d'Anthyme, Jehan Cohon de la Sévaudaie, est accusé
de l'assassinat de Nicolas Baudon
à coup d'arquebuse, sur la porte de l'église, avec des complices.
quelques
signatures Cohon
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- Denis
Cohon x /1560 Jeanne Gault
- grand-père
d'Anthyme
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- Sébastien Cohon Scholastique à Nantes
- cousin d'Anthyme
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- Katherin Cohon
- x /1608 Renée Lepeltier SP
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Sébastien
Cohon chanoine et scholastique de St Pierre de Nantes
Sébastien
Cohon est fils de Pierre et de sa 2e épouse Guionne Ceville né vers
1570 †Nantes StLaurent 2.10.1633. Il est cousin de Jean Cohon chanoine
du Mans.
Il
est pincipal du collège St Clément, chanoine de St Pierre de Nantes,
ou en 1611 il obtient par bulle du pape Paul V la scholastrie.
Il
fonde en 1613 une chapelenie perpétuelle desservie en la chapelle du
collège St Clément, dédiée à Saint Marc.
Ses
transaction financières attestent une certaine aisance et ses biens
En
1633 il vend à rente foncière François de Juigné écuyer Sr de Laubinais
Dt en sa maison noble de Beauchesne à StSaturnin du Limet les 2 métairies
nobles de Louzil et de la Mahière, et la closerie de la Touche à Congrier
pour 500 L/an (AD44-4E2/1740). voir la vente
et sa paléographie
Selon
son testament, il a plusieurs domestiques, qu'il gratifie, et bien sûr
les oeuvres. Ses nombreux petits neveux d'Anjou se partageront le reste
en 1633. voir le testament entier et sa paléographie
Cadastre
de 1840 : propriété des Archives départementales de Mayenne
En
savoir plus : histoire de la famille Cohon
(.pdf)
Se
s
titres lui valurent des armoiries, qui figurent ci contre sur
son ex-libris (ci-contre) :
« d'azur à
une fasse d’or accompagnée en chef d’un soleil & en pointe de 3
étoiles, posées 2 & 1, le tout de même. »
- Anthyme-Denis
revint régulièrement à Château-Gontier, Craon
et Douillet, dans sa famille, lui procurant quelques bénéfices : création
en 1665 du couvent des Ursulines où 3 de ses nièces entrent : Marie
Cohon, Marguerite Cohon & Suzanne Chereau.
- Il
attire à Nîmes des membres de sa famille (cousins, neveux, nièces).
Cependant, il reste fidèle à Douillet, le visitant, y assurant même
prédication, et léguant à la cure de Douillet vases et objets mobiliers.
- En
savoir plus : histoire de la famille
Cohon (.pdf)
-
De
nombreux auteurs (de La Chesnaye, de Courcy, Guillotin de Corson...
) lui ont donné par erreur
- « d'or à deux serpents entrelacés
en double sautoir et adossés de sable, au chef de même, chargé d'une
étoile à six rais d'argent »
- qui sont les armoiries déposées par
la famille Cohon du Parc en 1668, dans un dossier peu convainquant,
mais qui est passé à l'époque, ce qui en dit long sur les prétendues
preuves noblesses de certaines famillles ! (B.N.).
-
-
Bibliographie
:
- BLIGNY-BONDURAND,
Nouveaux manuscrits de Cohon, évêque de Nîmes, Bull. Hist. Philologie,
1909 p 470-486
- DUINE
F., Cohon, évêque de Nîmes et de Dol, essai de bibliographie, Rennes,
1902
- DUINE
F.n Avant Bossuet, Cohon, évêque de Nîmes et de Dol, précepteur des neveux
de Mazarin, prédicateur du roi, étude historique et littéraire, Paris,
1908
- TRIGER
Robert, Etude historique de Douillet-le-Joly, Mamers, 1884
- ROBERT
Charles, Rev. Hist. Mayenne, 1895
- de
BODARD de la Jacopière, Choniques Craonnaises
- POQUET
du Haut-Jussé, Les Papes et les Ducs de Bretagne,
réedition Spézet, Coop Breizh, 2000.
- APTEL
abbé J. C, La Cathédrale de Nîmes, Semaine religieuse diocésaine
de Nîmes, 1989
- Très
nombreux actes notariés aux Archives Départementales de Loire-Atlantique,
Maine et Loire, Mayenne et Gard
- Dossier
bleu du Cabinet des Manuscrits, BN
- Pièces
originales 801 et Nouveau d'Hozier, BN